mardi 19 avril 2016

La Bolivie : Potosì la ville qui a monétisé sérieusement l’Europe, du 8 au 10 mars

Qui a déjà entendu parlé de Potosì ? Sans doute les personnes douées en géo. Et pourtant c’est côté histoire qu’elle devrait nous évoquer quelque chose. Evidemment l’histoire sud-américaine nous passe au-dessus en Europe, bien malheureusement. Cette ville a été créée par les conquistadores juste en face d’une montagne, et pas n’importe laquelle, le Cerro Rico (montagne riche).


Le Cerro Rico dominant Potosi, ou la montagne qui a rendu riche l'Europe



Durant plusieurs centaines d’années de cette montagne a été extrait près de la moitié de tout l’argent mis en circulation dans le monde. L’Espagne est devenue riche grâce à elle. Pour se rendre compte il suffit de savoir qu’une flotte de 28 bateaux chargés d’argent en route vers l’Espagne a été prise dans une tempête et que 8 d’entre eux ont fait naufrage. Un seul a été retrouvé il y a quelques années et l’on estime à 400 millions de dollars actuels son butin. Essayez de ramener ça sur 300 ans d’exploitation… Bref c’est de cette période que la capitalisme est né en Europe. L’essentiel des pièces de monnaies étaient frappées avec la mention de Potosi ou PTSI ou ces quatre lettres superposées. Certaines monnaies comme le dollar ou le peso utilisent la superposition du S et du I de Potosì`pour symbole : “$”. Qui le savait ça ??? De l’autre côté c’est à cette époque bien triste que ces millions d’indigènes sont morts à la tâche et que l’Amérique du Sud a perdu l’essentiel de ces ressources. Triste histoire qui pèsent encore tellement sur ce peuple. Où en serait le monde si les choses avaient tourné différemment à cette époque ?
Sans doute le seul côté positif est que la ville de Potosì a été à l’époque choyée et admirablement construite par les colons. Sauf si on considère que seuls les espagnols en ont profité et que les indigènes étaient dans des bâtiment délabrés à l’extérieur de la ville. C’est donc un joli centre colonial et on imagine facilement le faste qui devait y régner.














Le Cerro Rico, bien que saigné de son argent et presque à bout de souffle, est encore une ressource majeure pour Potosì et sa région. On y extrait encore tous les jours des centaines de tonnes de roches contenant fer, zinc, nickel et des dizaines d’autres minerais en infime quantité. Aujourd’hui cette montagne est un véritable gruyère et la ville est entre deux eaux. Les mines qui employaient il y a 10 ans 40000 personnes n’en comptent plus que 6000. Une économie secondaire, le tourisme, fait ses preuves, mais ce n’est qu’une poignée qui en profite. Les mines se visitent et c’est donc avec toutes ces informations historiques que nous y allons, pour voir, pour savoir. Les mines et les mineurs sont délaissés par le gouvernement. Les propriétaires des concessions soutirent 50% de ce que les mineurs gagnent dans des conditions terribles. Ici c’est Germinal. Pas d’électricité, pas de ventilation dans les mines à part une espèce de compresseur qui sert surtout pour les marteaux-piqueurs. Pas d’ascenseur mais des échelles délabrées et des cordes à noeuds. Les rails sont tordus et parfois dans le vide comme dans Indiana Jones et le Temple Maudit. On y respire mal et seul la coca mâchée sans cesse par les mineurs permet de les faire tenir dans cet enfer. L’espérance de vie (réelle) est de moins de 50 ans. Le but du père est de transmettre son métier à ses fils avant de mourir. Et pourtant, la mine, c’est leur vie, leur passion, et ils ne voudraient pas en changer. Seuls quelques uns deviennent guides, dont notre guide passionnant Willy. Mais il y retourne tous les jours, il respire toujours cet air suffocant, il mâche toujours son pochon de coca, il ne pourra jamais s’en passer.












A Potosì le sujet des mines est le plus intéressant, c’est le coeur de la ville. La Casa de la Moneda est un musée passionnant qui permet vraiment de comprendre ce sujet dans son ensemble et il ne faut pas le manquer.



Potosì possède aussi de nombreux endroits intéressants et d’une manière générale ne doit pas être évité sur le parcours bolivien si on souhaite comprendre ce pays.

4 commentaires:

  1. La suite ! Surtout que vous êtes rentrés et moi je suis bloquée à Potosi !!!

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  2. Toujours bloquée à Potosi ...

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  3. Je suis toujours bloquée à Potosi... au fond de la mine...

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  4. Avec mes excuses les plus plates ! Le voyage n'est jamais terminé, le récit reprendra bientôt !

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